Le ruisseau Molson au début de la colonisation de la Longue-Pointe, deuxième partie

Je vous présente maintenant la référence la plus importante sur l’histoire ancienne du ruisseau Molson. En 1924, le prêtre sulpicien Olivier Maurault publie un petit abrégé historique sur la paroisse Saint-François-d'Assise de la Longue-Pointe. La paroisse fête d’ailleurs ses 200 ans cette année-là. Olivier Maurault est un historien aguerri à l’époque, il fera partie de la très sélecte Société des Dix (société d’études historiques) où il fréquentera, entre autres, Aristide Beaugrand-Champagne et Édouard-Zotique Massicotte, rien de moins. En 1935, il devient recteur de l'Université de Montréal, on ne parle pas de n’importe qui, là ! Les recherches faites pour cet abrégé seront réutilisées à de multiples reprises par d’autres chercheurs et historiens, comme Marcel Trudel et Gilles Cadieux.

Maquette miniature du « Combat de la Grange » du 25 septembre 1775, par AD du blogue A Miniature History of the American Revolution. Le ruisseau Molson est au centre.

Puisque cet abrégé historique n’est pas disponible sur la toile, ou de manière très sporadique au travers les coins sombres de les internets, je vous offre le texte intégral du troisième chapitre, en version HTML. Ayant fait le transfert à partir de mes numérisations du livre et corriger les innombrables coquilles dues au procédé technique (ils en restent surement !). D’ailleurs, la copie qui est aux Archives nationales, à la grande bibliothèque de la rue Berri à Montréal, commence à avoir des problèmes de reliures, donc je n’ai pas pu tout numériser.

Avant de passer le baton à Mister Maurault, j’aimerais vous faire un mini abrégé historique sur le ruisseau Molson, avec les infos obtenues de ce dernier et d’autres références. On sait que l’embouchure du ruisseau Molson était navigable, grâce au récit du Comte de Maurès de Malartic dans Campagne au Canada de 1755 à 1760 à la page 349 : « À 8 heures, nous avons appris que M. de Murray est au ruis­seau des Sœurs [un des anciens noms du Molson] et qu'il se dispose à le passer. » D’ailleurs c’est pour cette raison que la maison Maxim-Vickers a décidée de creuser une cale sèche à cet endroit en 1910. L’embouchure du ruisseau formait une petite baie. On sait aussi, on l’a vu, que le ruisseau Molson a porté beaucoup de noms et qu’il a été confondu à tort avec le ruisseau Migeon sur une longue période. Il est fort possible que le premier nom donné par les colons fût le ruisseau de la Praire (ou de la Grande-Prairie), comme le mentionne Joseph Bouchette, arpenteur général du Bas-Canada, dans sa Description topographique de la Province du Bas-Canada de 1815 : «... l'île [de Montréal] pré­sente une surface unie, arrosée par plusieurs petites rivières ou ruisseaux, tels que la petite Rivière Saint-Pierre, la Rivière Dorval, le Ruis­seau de l'Orme, le Ruisseau de Notre Dame des Neiges, la Coulée des Roches, le Ruisseau de la Prairie, le Ruisseau Migeon, et quelques­ autres moins considérables. » Éventuellement, il serait intéressant que je trouve un des noms amérindiens du ruisseau Molson.

Les ruisseaux Migeon et Molson sur une carte de 1917 : « City of Montreal maps showing natural and artificial drainage areas into Ruisseau Migeon now known as Nicolet Street Outlet / Prepared by H.J.R. . - 14 août 1917 » Archives de la Ville de Montréal.

Toujours pour ses noms et sa situation géographique, on en apprend beaucoup dans le texte d’Olivier Maurault. Mais je laisse Marcel Trudel, historien, vous résumez le tout par un extrait de son livre La seigneurie de la Compagnie des Indes occidentales de 1997, page 386 : « Vient ensuite la côte Saint-François : 44 terres d'au moins 1352 arpents, outre 12 petits lots couvrant 85 arpents en arrière de ces terres, dans ce qu'on appelle la Grande-Prairie. De ces 44 terres, bon nombre sont situées dans ce que les documents d'alors nomment Bois-brûlé, à cause de terres qu'on a brûlées au cours du défrichement. [...] La côte Saint-­François commence au « second ruisseau », appelé successivement de la Grande-Prairie, des Sœurs, des Anges, Molson ; ce ruisseau serait à l'ouest de la rue Dickson (prolongement du boulevard Lacordaire). » Ah ! Donc c’est le territoire en arrière, donc à peu près au boulevard Rosemont actuel (ancienne côte de la Visitation) qui se nommait Grande-Prairie et qui a baptisé le ruisseau qui y passait au début de la colonisation (donc vers 1666). Par contre, je sais par l’Inventaire des procès-verbaux des grands voyers (volume troisième) de 1930, que vers 1780, le ruisseau Molson était nommé des Soeurs par l’administration. Ce nom vient du fait que la concession 995, terrain à l’embouchure du ruisseau, fut faite aux Soeurs de la Congrégation (infos que vous verrez plus bas dans le texte d’Olivier Maurault).

Battle of Longue-Pointe, outside of Montreal, Sept. 25, 1775. (H.Charles McBarron)

Parler de l’histoire de la Longue-Pointe, c’est parler d’Ethan Allen et de la maison où il fut capturé. « La bataille de Longue-Pointe est une tentative militaire menée par Ethan Allen et un petit groupe de miliciens de s'emparer de la ville de Montréal alors aux mains des forces britanniques le 25 septembre 1775, au début de la guerre d'indépendance des États-Unis. Ne recevant pas le soutien militaire escompté, Allen ne parvient pas à son but et est défait par les forces de Guy Carleton. », voilà que pour une fois, Wikipédia ne mentionne pas que des sornettes. :)

J’ai d’ailleurs ajouté des photos et cartes au texte d’Olivier Maurault, pour justement répondre à ses questions de 1924, et pour ajouter les infos que ne pouvait contenir son abrégé historique. Voilà, on y est ! Je vous laisse avec Oliver ! Bonne lecture !

L’HISTOIRE CIVILE [troisième chapitre du livre Saint-François-d'Assise de la Longue Pointe, abrégé historique]

par l'abbé Olivier Maurault

Les Seigneurs de l'Isle de Montréal commencèrent très tôt, nous l'avons vu, à concéder aux colons venus de France les terres des bords du fleuve entre la ville naissante et le bas de l'île. On peut voir, par le Livre Terrier du Séminaire, que les concessions les plus proches de la ville furent accordées à partir de 1666, les plus éloignées à partir de 1680. Une fois sorti de la ville, le voyageur traversait d'abord la côte Ste-Marie (la rue Notre-Dame porta long­temps ce nom, et de nos jours encore une église et le courant entre l'île Ronde et les quais), puis la côte St-Martin (la porte des fortifications de ce côté se nommait porte St-Martin ou porte de Québec), puis la côte St-François, qui contenait dans son territoire la Longue-Pointe ; ensuite la côte Ste-Anne et la côte St-Jean, où était située la Pointe-aux-Trembles.

Quelles étaient les bornes du territoire de la Longue-Pointe ? À l'est, du côté de la Pointe-aux-Trembles, c'était le chemin royal1 qui montait du fleuve à la côte St-Léonard, c'est-à-dire à la hauteur des terres. La première concession, à cette extrémité porte le No 1277 dans le Livre Terrier du Séminaire ; elle avait été faite, le 16 janvier 1683, à Jean Roy. Plus tard, en 1745, elle passa à Baptiste Préville et P. Bazinet, et en 1839 à John Tiffin.

La côte Saint-François, d’après l’Aveu et Dénombrement de 1731, Gilles Cadieux, 1998.

Au nord, la limite était [la côte] St-Léonard [boulevard Métropolitain actuel], d'où partaient des terres qui rejoignaient celles du fleuve. Sur ce point, nulle con­testation. La difficulté commence lorsqu'il s'agit de fixer la ligne de démarcation de la Longue-Pointe du côté de la ville.

On a dit longtemps et l'on dit encore que le ruisseau Migeon était cette limite : ce qui est faux. Le ruisseau Migeon — du nom du fief sur lequel il passait (Migeon de Bransat), devenu plus tard la propriété des Valois — coulait naguère à l'extrémité est du jardin du couvent d'Hochelaga. Son tracé, sur la carte, est caractéristique : d'abord perpendiculaire au fleuve pour quelques arpents, il tourne brusquement à angle droit et se dirige vers l'est, dans l'axe de la rue Ste-Catherine. Or la terre où il se jette dans le fleuve porte, sur le cadastre, les Nos 980-981-9822.

1 On se demande si ce chemin royal n'a pas été déplacé au cours des âges, et si la limite de la paroisse n'a pas été rapprochée de l'église ? 
2 No 980 : 2 arp. x 30 cédés par les Seigneurs aux héritiers Migeon, le 16 avril 1706. — No 981 : 3 arp. x 20, concédés à Catherine Gauchet (épouse de J.-B. Migeon de Bransat) 19 mai 1664. — No 982 : 4 arp. x 1,5 faisant partie du fief Migeon. 

En revanche, nous savons par un document de 1722, que, de ce côté, la Longue-Pointe s'arrêtait à l'habitation de Louis Gervais (habitant de la côte St-Martin) icelle non comprise. Et cette pro­priété porte le No 994 du Livre Terrier (concession du 20 mars 1688).

Mais voici qui va jeter une singulière lumière sur notre diffi­culté. La concession voisine, No 995, fut faite aux Sœurs de la Congrégation. Là aussi coule un ruisseau ; et ce ruisseau s'appela ruisseau des Sœurs. Malartic ne dit-il pas, en effet, que le 5 sep­tembre 1760, le régiment de Roussillon garda le terrain entre le ruisseau Migeon et le ruisseau des Sœurs ?
 Carte A Particular Survey of the Isles of Montreal, Capitaine Carver, 1763.

Sur une carte, publiée en 1763 et intitulée A Particular Survey of the Isles of Montreal [Cette dernière contient presque exactement les mêmes informations que la carte de « l'isle de Montréal et de ses environs » de N. Bellin, 1744.], les deux ruisseaux apparaissent, mais le second avec le nom de ruisseau de la Grande Prairie. Il fut aussi appelé, paraît-il, ruisseau des Anges, et au cours du XIXe siècle ruisseau Molson, à cause d'une propriété voisine où il déroulait ses méandres. 
 Carte de « l'isle de Montréal et de ses environs », N. Bellin, 1744.

Donc, qu'il y ait eu un petit cours d'eau, aux limites de la Longue-Pointe, cela est incontestable ; mais beaucoup se sont trom­pés sur son nom. Il n'y a pas bien longtemps, avant que les tram­ways électriques ne prolongent leur voie jusqu'au village, c'est là qu'on descendait. Il y avait une barrière, puis un pont sur le ruisseau, et tout de suite, à main droite, la maison Grece [Greece], encore debout.

Les colons étaient disséminés le long des rives du fleuve ; il fallut s'occuper de les défendre contre les attaques subites des Indiens ennemis. Tout un système de forts en bois ou redoutes fut établi. Le seul document authentique qui aurait pu fixer la date d'érection de ces ouvrages de défense a été perdu lors d'une ba­taille navale entre Français et Anglais : c'était une carte dressée par l'ingénieur Gédéon de Catalogne3. Morin, dans son Album du Vieux-Montréal, publie une carte historique de l'île de Montréal, où figurent les forts et les chapelles. Il a dû la reconstituer lui-même. Selon cette carte, le fort de la Pointe-aux-Trembles, daterait de 1675, et celui de la Longue-Pointe, de 1724 seulement. Mais ici, il y a erreur. M. Ruffin de la Maraudière, curé de 1736 à 1741, témoigne que la première chapelle de la Longue-Pointe était auprès de l'ancien fort, dont il ne reste que les fondations de son temps ; et l’on sait par les archives de la paroisse que cette chapelle existait déjà au moins en 1719.

Quoi qu'il en soit de ce fort et de la date de sa fondation, l'histoire ne nous rapporte aucun exploit guerrier sur son territoire pendant le régime français. Il faut attendre 1775 et la guerre de l'Indépendance des États-Unis pour assister à une bataille.

3 Ses cartes des régions de Québec et des Trois-Rivières ont été sauvegardées. On en trouve deux exemplaires à l'Université de Montréal.
Site du « Combat de la Grange » 25 Sept. 1775. – Au « Ruisseau des Soeurs », Paroisse de la Longue-Pointe ; Ile de Montréal (1839). Par Madame W. Berczy (née Panet). Album de Jacques Viger, page 272. Archives de la Ville de Montréal.

Le dimanche donc, 24 septembre 1775, Ethan Allen, un des chefs Bostonnais, venait du camp de St-Mathias de la Pointe-Olivier (sur le bassin de Chambly), avec 150 hommes. Il traversait le fleuve, vers 10 heures du soir, entre Longueuil et le courant Ste-Marie, et se faisait loger par les habitants. Pendant la nuit, Allen et d'autres se rendirent même au faubourg de Québec. Le lendemain matin, la ville ignorait encore tout de cette invasion. Vers 9 heures, un cultivateur du nom de Desautels se dirigeait vers sa terre, à une lieue de la ville, lorsqu'il aperçut les Bostonnais. À travers champs, il eut vite fait de courir avertir la ville. Tout de suite, 300 citoyens canadiens, 30 marchands anglais — les autres ayant refusé — et 30 hommes de troupes quittent la ville, après s'être armés de balles et de poudre aux Casernes. Les Bostonnais se voyant surpris se replient dans une maison et une grange près du fleuve — propriété détenue en 1825, par Charles-Francis Grece, Ecr. — et ouvrent le feu. Bientôt on les force de sortir, on les cerne du côté du bois et leur coupe le chemin. Plusieurs sont tués ou blessés ; le colonel Allen lui-même et 36 des siens, sont faits prisonniers. Du côté des Montréalistes, deux morts : le major Carden et le marchand Alexander Paterson4.

Les fuyards passèrent le reste du jour dans les bois et à la côte St-Léonard, et, la nuit suivante, retrouvant leurs canots sur la rive, ils regagnèrent Longueuil : le général Carleton s'était opposé à toute poursuite.

4 La Commission des Sites Historiques ne devrait-elle pas se charger de fixer le souvenir de ce combat par une plaque ou un monument ? [Ça été fait, voir photo plus bas] — La maison est probablement celle qui avoisine le viaduc du chemin de fer, à côté des usines Vickers [exact]. 
Maison Ethan-Allen [Maison Allen-Picard] (5230, rue Notre-Dame Est — déménagée près de la promenade Bellerive). 4 mai 1955. Archives de la Ville de Montréal.
Maison Ethan-Allen [Maison Allen-Picard]. On y voit la plaque commémorative dédiée au commandant américain Ethan Allen. 4 mai 1955. Archives de la Ville de Montréal.

On peut se demander si, à cette époque, il existait un village à la Longue-Pointe. Dans une Déclaration du fief de l'Ile de Mont­réal5, datée de 1781, il n'en est point question. On y décrit les maisons, les terres, les rues mêmes de la Pointe-Claire, de la Ri­vière des Prairies, de la Pointe-aux-Trembles : du village de la Longue-Pointe, pas une ligne ; mais, en revanche, la description des propriétés des côtes environnantes, de St-Martin, de St-Léonard, etc.

En 1825 cependant, et peut-être avant, les choses avaient changé. Si l'on consulte le Dénombrement du Comté de Montréal, fait cette année-là, par Louis Guy et Jacques Viger, on rencontre certaines catégories de gens qui, d'ordinaire, ne demeurent pas en rase cam­pagne... Il y avait alors à la Longue-Pointe, outre le curé et son bedeau, un forgeron, un sellier, trois aubergistes, un charpentier, deux commis, un tanneur, deux distillateurs, un fabricant d'huile de pied de bœuf, quatorze rentiers — de ces rentiers sans doute qui viennent finir leur vie près de l'église — et soixante-neuf jour­naliers. Nous ne parlons pas de soixante-huit engagés et de quatre­-vingt-douze agriculteurs qui, eux, demeuraient pour la plupart sur des terres ; de deux jardiniers, d'une ménagère, et d'un graveur anglais de talent, William Leney, qui pouvaient demeurer indiffé­remment à la campagne ou au village.

Extrait de Saint-François-d'Assise de la Longue Pointe, abrégé historique par Olivier Maurault, p. 63

À cette date, c'est-à-dire, il y a cent ans, la population était de 791 âmes, réparties en 122 maisons, dont 22 en pierre. À la côte de la Longue-Pointe proprement dite habitaient 69 chefs de fa­mille ; à la côte de St-Léonard, 55. De ces familles, 106 étaient canadiennes-françaises et 18, anglo-canadiennes ou étrangères. Sur le total de la population, 698 habitants professaient la religion catholique, 93 appartenaient à des sectes protestantes : anglicane, presbytérienne, méthodiste, baptiste6.

Il n'y avait pas alors très longtemps que les Anglais protes­tants s'étaient introduits dans la région. C'est au commencement du XIXe siècle qu'ils s'établirent de ce côté. Ainsi, en 1825, nous trouvons, les Wm Mc Keen, les John Robinson, les Charles-Francis Grece, les William Tiffin, James Fisher, James Jackson, Thomas Murrice, Thomas Busby, Robert Morrough, John Braek, William Leney, André Muirhead, James Ackert, John Smith, William Burrell. Cinquante ans plus tard7 on voit que les Grece, les Muir­head et les Tiffin sont encore là et que les Leney ont fait souche. Tous les autres noms sont nouveaux; il y en avait dix-huit dans le premier quart du siècle, il y en a maintenant une vingtaine: Thomas Molson, J. Graves, John Clark, Robert Anderson, John Allen, John Drummond, John Dillon, Charles Oakes, Edward Quinn, Henry O'Wait, Cleary, Bethell, John McVey, F.-D. Hadley. La présence de ces anglo-protestants explique l'établissement du Old People's Home ou Montreal Protestant House of Industry and Refuge, aux confins de Viauville, et qu'on aperçoit encore à gauche de la rue8 [aujourd’hui le Centre de soins prolongés Grace Dart]. Ils avaient aussi une école, au village de la Longue-­Pointe, mais point d'église.

On se rappelle l'aspect charmant de ces lieux en ces temps déjà éloignés ; mais sans remonter si haut, en 1900, c'était encore la campagne. Le tramway9 s'arrêtait aux sources sulfureuses de Viau, et c'est à pied, sur un trottoir de bois de trois madriers, que l'on s'acheminait vers la Longue-Pointe. À gauche, peu d'arbres, mais de belles fermes dont les cultures montaient jusqu'à la hauteur des terres; à droite des bosquets abondants qui ombrageaient parfois de très belles maisons de pierre, dont la façade s'ouvrait sur des jardins et sur l'incomparable fleuve. On ne pouvait guère désirer, à proximité de la ville, une campagne plus agréable et plus acces­sible10.

5 Archives de Saint-Sulpice. 
6 Voir les noms des chefs de famille de cette époque dans l'Appendice [non inclus dans cette retranscription, désolé]. 
7 Voir la liste du chanoine Bourgeault ; dans les archives de la Longue­-Pointe (1866). 
8 En 1924, l'almanach des adresses porte : « Old People's Home - Moore Convalescent Home - Home for incurables » 
9 Les tramways du Parc et de l'ile, plus tard Terminal, commencèrent à circuler, dans les terres, après 1902 ; et les tramways de la ville de Montréal, dans la prolongation de la rue Notre-Dame après 1906. 
10 Vers 1840, le chemin longeait la grève et était fait de billots. Les façades donnaient sur ce chemin. Mais l'érosion du fleuve força les habitants à prolonger la rue Notre-Dame à quelques arpents en arrière.


« Entre 1889 et 1919, le parc Sohmer était un lieu où les citadins se rendaient pour écouter de la musique, assister à des numéros de cirque ou boire de la bière. Il était situé le long d'une terrasse qui surplombait le fleuve Saint-Laurent. » : Mireille Barrière, historienne. Photo de 1890.  Bibliothèque et Archives nationales du Québec.

Mais le progrès a changé tout cela, et le progrès a pris, sur la route de la Longue-Pointe, la forme de l'amusement et de l'industrie.

Montréal a possédé, durant de longues années, un Parc Sohmer, où les après-midi et le soir on pouvait assister à des tours de magie blanche, à des pirouettes d'acrobates ou d'animaux savants, enten­dre d'excellente musique et même visiter un commencement de jardin zoologique où il y avait des lions et des tigres. Or le parc Sohmer fut incendié. Un syndicat voulut doter la population d'un autre lieu de divertissement ; il choisit un terrain, sur le chemin de la Longue-Pointe, et l'aménagea à l'américaine, genre Revere Beach et Coney Island : looping the loop, montagnes russes, chutes, con­certs, illuminations, rien n'y manqua ; et les foules accoururent.

Diverses industries vinrent en même temps. Ce furent... les chantiers de construction navale et la cale-sèche de la Compagnie Vickers, les cours de garage de la Compagnie du Chemin de Fer National, les aciéries de la Canadian Steel Foundries Limited, les usines de la Montreal Locomotive Works, les réservoirs d'huile de la Compagnie Shell, la manufacture de pierres artificielles de la National Bridge [...]

BLIBLIOGRAPHIE
MAURAULT, Olivier. Saint-François-d'Assise de la Longue Pointe, abrégé historique. Montréal, Imprimerie des sourds-muets, 1924, p. 58-65

Ce texte tiré du livre Saint-François-d'Assise de la Longue Pointe, abrégé historique est téléchargeable ici en version originale ; numérisation fait en juin 2018 (PDF).

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