Arbres et arbustes de la friche ferroviaire de Viauville : portrait écologique 2025

Critère 1 — Structure ligneuse et composition floristique 

Pour cette première publication liée à notre recherche multicritère sur la friche ferroviaire de Viauville, j’ai voulu documenter la structure ligneuse du site en réalisant un inventaire des arbres et arbustes à partir des données du projet iNaturalist Friche ferroviaire de Viauville, récoltées le 9 novembre 2025. L’objectif était simple : créer une base descriptive solide qui reflète fidèlement la composition du couvert végétal, et qui servira ensuite de point d’ancrage pour estimer la biomasse, le carbone séquestré et, plus largement, certains services écosystémiques rendus par cette friche extrêmement productive. J’ai filtré les 3060 observations initiales pour ne conserver que les plantes (1949 observations), puis, parmi elles, uniquement les plantes ligneuses — arbres et arbustes — ce qui représente 1256 observations. Les herbacées (693 observations), bien qu’omniprésentes et écologiquement cruciales, surtout les asclépiades dont on reparlera, ont été mises de côté ici pour isoler clairement la structure du couvert ligneux. 

La carte que je présente est donc une carte d’inventaire, qui illustre les zones de dominance de chaque genre ou groupe ligneux dans la friche. Les points GPS associés aux observations iNaturalist ont été utilisés pour générer des diagrammes de Voronoï, une méthode qui permet de transformer un nuage de points en zones d’influence, comme si chaque arbre étendait sa canopée jusqu’à rencontrer mathématiquement la canopée de ses voisins. Ce résultat brut, très géométrique, a ensuite été réinterprété graphiquement — c’est là que ressort le graphiste en moi. J’ai redessiné les polygones pour leur redonner un aspect organique, cohérent avec la réalité végétale du terrain. La carte sert donc ici de carte narrative, une représentation lisible des patrons végétaux qui structurent la friche, et que je destine d’abord aux collaborateurs iNaturalist ayant participé au projet.
  Figure 1. Inventaire des arbres et arbustes de la friche ferroviaire de Viauville (données iNaturalist, 2025) Figure 1. Inventaire des arbres et arbustes de la friche ferroviaire de Viauville (données iNaturalist, 2025) 

Ces zones de dominance ligneuse seront ensuite comparées à des données LiDAR récentes (2023), que je travaillerai plus tard au laboratoire GeoLas. L’objectif est de croiser hauteur de canopée, densité de végétation et genres dominants pour estimer la biomasse par groupe d’espèces, la quantité de carbone séquestré et d’autres services écosystémiques — filtration de l’air, interception des particules, microclimat local, etc. Ce n’est qu’un premier critère, mais un critère crucial, car toute évaluation environnementale solide commence par décrire ce qui vit là, comment ça pousse, et comment ça s’organise spatialement. 

Je tiens d’ailleurs à remercier chaleureusement les observateurs ayant contribué aux observations sur la friche : @gerleiene, @apdp, @marpou, @uwawinnie11, ainsi que ceux qui ont participé aux identifications et aux validations : @chasseurdeplantes, @jeanmarclord, @elacroix-carignan, @sparent66, @simmar01, @jg_lanteigne. Sans vous, ce projet n’existerait tout simplement pas. Merci du fond du cœur. 

Le projet Friche ferroviaire de Viauville est un sous-projet du grand inventaire EN DANGER : Inventaire du parc-nature MHM, que j’ai lancé en 2022 et qui compte aujourd’hui plus de 6000 observations et plus de 1000 espèces. La friche a évolué depuis, mais essentiellement en croissance : les mêmes espèces sont toujours là, simplement plus grandes, plus denses, plus établies. Les données restent donc très pertinentes pour documenter sa structure actuelle.
  Figure 2. Dominance des espèces les plus observées (Top 5) et répartition des genres principaux (Populus, Acer, Salix) Figure 2. Dominance des espèces les plus observées (Top 5) et répartition des genres principaux (Populus, Acer, Salix) 

Dans ma propre pratique naturaliste, j’ai accumulé 1176 observations sur le site. Ma manière de travailler est simple : quand je me trouve dans un micro-secteur, j’essaie toujours de comprendre quel arbre ou arbuste domine réellement l’espace. Une observation n’est jamais un point isolé : c’est un indice d’un ensemble. Les espèces dominantes dans un secteur se répètent dans les photos, les notes, les traces; c’est cette logique qui fait que les zones dessinées sur la carte correspondent, la plupart du temps, aux réalités écologiques du terrain. Bien sûr, certaines zones au nord du site sont moins détaillées — moins d’observations, moins de précision — mais même là, les patrons restent interprétables. Les aubépines, par exemple, dominent bel et bien certains secteurs malgré la rareté relative des points GPS.

Concernant les diagrammes de Voronoï, rappelons brièvement que ce sont des partitions spatiales où chaque cellule regroupe les endroits les plus proches d’un point donné. Dans le contexte de la friche, chaque polygone représente donc théoriquement l’espace d’influence de chaque arbre ou arbuste. C’est une méthode très utilisée en écologie spatiale pour délimiter des canopées théoriques ou des zones de voisinage. Les points GPS ne sont pas parfaits — surtout dans un environnement urbain fragmenté comme Viauville — mais combinés au volume d’observations, ils donnent un portrait assez fidèle de la composition ligneuse de la friche. J’aimerais d’ailleurs entendre ce que la communauté iNaturalist pense de cette méthode : est-ce que vous trouvez que ce type de représentation reflète bien la réalité du terrain ?
  Figure 3. Diagramme de Voronoï illustrant la zone d’influence théorique de chaque arbre ou arbuste Figure 3. Diagramme de Voronoï illustrant la zone d’influence théorique de chaque arbre ou arbuste 

Pour finir, je trouve important de rappeler l’ampleur du travail accompli collectivement. Sur les 3060 observations recensées sur la friche, près de deux mille concernent les plantes, et plus de 1200 d’entre elles sont des arbres ou des arbustes. C’est énorme pour un territoire aussi étroit et morcelé. À lui seul, le peuplier deltoïde dépasse les 160 observations, le sumac vinaigrier atteint les 150, et l’asclépiade commune — pourtant exclue de l’analyse ligneuse — frôle les 132 observations. De mon côté, avec mes 1176 observations personnelles, j’ai pu documenter chaque micro-secteur, chaque patch végétal, en observant non seulement ce qui poussait, mais ce qui dominait réellement l’espace. Tout ça mis ensemble, ça donne un portrait riche, vivant, et surtout très représentatif de ce qui pousse à Viauville aujourd’hui. C’est une friche jeune, mais extrêmement dynamique — un territoire qui respire, qui pousse vite, et qui, grâce à votre participation sur iNaturalist, commence enfin à être compris dans toute sa complexité.

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