Analyse du boisé du parc du Mail (1932-1962)

Ce boisé est un minuscule vestige de l’ancienne forêt que les premiers colons conservaient au fond de leurs terres. Jadis, un affluent du ruisseau De Montigny traversait la zone. Il y avait donc dans ce secteur un milieu humide que l’on a remblayé en partie. C’est surement pour cette raison que l’on a conservé ce boisé : trop humide pour s’y construire. Naguère, on nommait ce secteur le Bois d’Anjou. De nos jours, ce toponyme est attribué à un grand boisé beaucoup plus au nord : le parc-nature du Bois-d’Anjou. Je sais, c’est mélangeant !
À force de visiter des boisés urbains, j’ai remarqué que le caryer cordiforme s’adapte très bien à l’urbanisation. Au contraire de l’érable à sucre qui disparait graduellement. Il est malheureusement remplacé par l’érable de Norvège… On y trouve aussi une belle colonie d’érable argenté, ainsi qu’une ormaie-frênaie. Bizarrement, il y a beaucoup de marronniers, peut-être des vestiges d’une ancienne plantation. Évidemment, le verglas du 5 avril 2023 a brisé plusieurs branches des arbres, ce qui m’a tristement aidé à l’identification.
D’après l’historien William Gaudry : « Le nom Anjou provient très probablement du projet domiciliaire Bois d’Anjou (rues Chénier, Curé-Clermont, du Mail, Yves-Prévost, etc.), amorcé en 1954 par Champlain Heights, une compagnie subsidiaire de Samuel Miller & Son (le même promoteur que le Village Champlain). Ernest Crépeault, maire fondateur d’Anjou, habitait le projet Bois d’Anjou, boulevard Yves-Prévost. »
Ma recherche dans les vieux journaux m’indique que c’est à partir de la terre agricole de Ulric Jodoin, entre autres, que le projet domiciliaire Bois d’Anjou a vu le jour. En 1956, la paroisse de Saint-Léonard de Port Maurice change de nom et de statut et devient la ville d'Anjou.
La population était alors de 8000 habitants. Les nouvelles maisons se vendaient environ 13 500 $ !
Des ruines persistent dans le boisé. Ce sont les restes enterrés d’une structure en demi-cercle : la base d’un projet de théâtre d’été qui ne fut jamais terminé. Ces ruines ont été accessibles pendant au moins une quinzaine d’années. Le très corrompu maire Ernest Crépeault rêvait qu’on y anime une émission pour enfants, le samedi matin… En créant cette structure, on a enterré un petit lac, un affluent du ruisseau De Montigny qui s’élargissait dans une dépression. Les fondations du théâtre ont été amorcées en 1961. En 1967, on semble niveler et enterrer en partie le projet.
Le boisé est excessivement sale, les citoyens du quartier ne semblent pas comprendre l’importance d’un tel ensemble de végétaux. On y trouve aussi beaucoup de déchets verts, donc une multitude d’espèces exotiques envahissantes y abonde, dont la petite pervenche. Une dame âgée m’a surveillé pendant toute ma visite : un bel exemple de la magnifique atmosphère qui règne à Anjou…
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